dimanche 20 mai 2012

Louise Hindsgavl à la Galerie NEC


C’est lors de l’une de nos promenades dans le quartier du Haut Marais que nous avons eu la chance de découvrir le travail de l’artiste Louise Hindsgavl. Discrètement lovée rue des Coutures Saint Gervais, face au jardin de l’Hôtel Salé, actuellement en travaux, la Galerie NEC, spécialisée dans la céramique contemporaine, a fait le parti pris audacieux de présenter l’œuvre délicieusement subversive de cette jeune danoise qui a déjà conquit l’Europe du Nord et qui dépoussière les bien trop classiques biscuits de porcelaine.

Légères, aériennes, presque fragiles lorsqu’on les découvre, la beauté éthérée des figurines en porcelaine de Louise Hindsgavl séduit et désarme immanquablement le spectateur. Toutefois, lorsqu’on les observe d’un peu plus près, celles-ci dévoilent leur obscurité cachée.


© Les Garçons aux Foulards

Sous la blancheur et la finesse de leur peau délicate, quelque fois rehaussée d’or ou soulignée de graphite, il se cache autant de violence, de meurtrissures et d’obscénité que d’humour noir. Scènes faussement bucoliques aux références mythologiques apparentes, Louise Hindsgavl crée des scénarios moins intimidant pour mieux nous attirer dans son univers et nous plonger dans l’illusion d’un monde innocent.

« Mes personnages sont pétris d’humanité et d’animalité et se métamorphosent dans un univers mythologique. »


© Les Garçons aux Foulards


© Les Garçons aux Foulards

Et d’innocence, le monde de Louise Hindsgavl n’en a que les apparences. Personnages torturés, grimés, sexués jusqu’à l’extrême ; sous leurs infimes pellicules de glaçure, les sculptures contemporaines de la jeune artiste Danoise révèlent sans ambigüité la cruauté fatale de l’individu qui ne connaît aucune alternative.

« Je n’utilise pas le médium porcelaine pour créer quelque chose de joli comme il en est traditionnellement le cas, mais pour explorer les méandres de la nature humaine. Ce sont les aspects les plus primaires et quelquefois moins flatteurs de notre condition qui m’intéressent. »


© Les Garçons aux Foulards


© Les Garçons aux Foulards

Détournée de son utilisation première en tant que matériau d’apparat au service d’un Art parfois Décoratif parfois Institutionnel, la porcelaine, dans les mains de Louise Hindsgavl, est poussée jusqu’à son extrême. Coulante, rigide, torturée, percée, vissée, architecturée, elle se trouve même associée au plus contemporain des plexiglas ; révélant au détour de ses méandres, l’étrangeté de ces créatures surréalistes engagées dans un jeu pervers et déroutant.


© Les Garçons aux Foulards


© Les Garçons aux Foulards


Tout y est inversé : les clivages sociaux sont temporairement abolis et les pulsions sexuelles refrénées se libèrent. A l’opposé d’une beauté convenue ou radieuse, les personnages mis en scène semblent errer, solitaires, sans contrôle de leur existence.

« Je considère la porcelaine comme une matière d’un raffinement absolu pour autant je l’utilise pour traduire les aspects les plus délétères de notre société. On peut faire un parallèle entre mes personnages et leur faculté à détruire la société dans laquelle ils évoluent, et la fragilité des sculptures en porcelaine qui volent en éclats lorsqu’elles nous échappent des mains. La faculté qu’ont mes personnages à rendre vulnérable la société dans laquelle ils évoluent fait écho et la fragilité de mes sculptures qui volent en éclat lorsqu’elles nous échappent des mains. »


© Les Garçons aux Foulards

A découvrir sans plus attendre à la Galerie NEC jusqu’au 2 juin 2012.


A.


Louise Hindsgavl à Galerie NEC

20, rue des Coutures Saint Gervais, 75003 Paris

Du mardi au samedi de 13h à 19h

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