dimanche 11 mars 2012

Combat de Géants sur le Catwalk!

Clap de fin, après plus d’une semaine intensive, la Fashion Week tire sa révérence, le temps d’une courte pause jusqu’à la prochaine saison. Paris, c’est plus de 8O défilés, une quinzaine de présentations off, des créateurs over stressés, des attachés de presse déchainées, des centaines de mannequins russophone affamées, une armée de stagiaires épuisés, des journalistes modes aux aguets et une ribambelle de bloggeurs surexcités. Mais aussi de la Mode, de la Mode, de la Mode !!! Et, au milieu de tout cela, quelques géants, faisant s’arrêter le cours de la planète mode, le temps de 15 minutes de show époustouflant. Car, bien plus que de mode, il est presque question de magie, d’une belle et incroyable parenthèse dans le quotidien de la création d’une collection, de sa production ou de sa commercialisation ; le temps s’arrête, comme suspendu, et le rêve prend vie. Ces géants, connus de tous, des steppes Kazakhs peuplées de richissimes oligarques aux jeunes princesses Brésiliennes squattant les Penthouses surprotégés de Sao Paulo, répondent aux doux noms de Chanel, Dior, Louis Vuitton ou encore Hermès. Marques globales, présentes aux quatre coins du Monde, avec des chiffres d’affaire annuels dépassant de loin le PIB de nombreux pays ; elles n’hésitent pas à débourser des millions pour l’organisation de véritables spectacles ayant comme objectif de montrer leur toute puissance.

Premier de ces géants a avoir défiés les podiums parisiens, Christian Dior, et son sage New Look que le designer par intérim Bill Gayten tâche de faire revivre à coups de bibi en mohair, de vestes Bar en tweed pastel et d’immenses jupons en gaze de soie ou en tulle plissée. Loin des salons dorées de l’avenue Montaigne, le femme Dior s’accoquine gentiment sur les hauteurs d’un Montmartre fantasmé. Peu farouche, elle porte pour son gala de danse de fin d’année de jolies robes longues en soie soulignant la taille, et allongeant de façon interminable une silhouette sculptée après des mois passés à travailler ses cours de barre au sol.

Christian Dior FW/12
Christian Dior FW/12

Niveau spectacle, le podium, gris perlé, loin des fastes des scènes de l’opéra Garnier, épuré à son maximum, illuminé de néons, nous rappelle indéniablement par contraste, les heures de gloire des fastueux défilés orchestrés d’une main de maître par le génie d’un John Galliano. Le maître n’est plus, et depuis, la belle semble endormie dans un nuage de soie poudre, attendant, sagement, qu’un futur Directeur Artistique Charmant vienne la réveiller d’un baiser de sa lente torpeur…

Christian Dior FW/12
Christian Dior FW/12

Loin de son siège mythique de la rue du Faubourg Saint Honoré, la très luxueuse et très discrète maison Hermès, nous entraine comme toujours à la suivre dans un incroyable voyage, avec cette saison, une destination exotique et lointaine dans l’hémisphère sud. Des plaines infinies de la Patagonie, aux contreforts abruptes Andains, la femme Hermès, prise en main depuis quelques saisons par le talentueux Christophe Lemaire, loin de tout folklore mal placé, n’a conservé de son périple latino-américain que l’essentiel : un vestiaire de cuir (sublime) porté en total look ou mixé avec des pièces de laine et de cachemire. Des formes capes, des jodhpurs, des pantalons amples et des chapeaux à larges bord, tout droit sortis de la garde robe rêvée d’un gaucho idéalisé : chicissime. Une palette de couleurs déclinée en noirs brillants, gris sourds et marrons profonds mettant en exergue la beauté de la matière cuir, iconique de la maison parisienne.

Hermès FW/12
Hermès FW/12

Fidèle à l’image de la maison, le défilé, à l’élégante sobriété, prend vie dans les salons de l’Ecole Nationale des Beaux Arts. Le podium, épuré à son extrême, se résume en une toile noire, brute, intense, faisant écho à la dureté d’une nature sauvage dans laquelle nous sommes téléportés le temps (toujours trop court) d’un très beau défilé.

Hermès FW/12
Hermès FW/12

Star incontestée des podiums, Karl Lagerfeld s’est approprié une fois de plus la Nef principale du Grand Palais pour y montrer le nouvel imaginaire lunaire de la maison Chanel. Show parmi les plus attendus chaque saison, le défilé Chanel nous fait voyager bien plus loin qu’à l’accoutumée. Après une séjour glacial au Pôle Nord, après l’exploration des fonds marins ou encore le cockpit de la « Chanel Airlines Company » lors de la Couture en janvier, Karl Lagerfeld, non content de régner en maître sur le monde de la Mode, a décidé de faire explorer de nouveaux territoires à la femme Chanel. Inspirée du célèbre roman de Jules Verne, « De la Terre à la Lune », la collection, déclinée en une gamme de couleurs allant du gris lunaire au noir cosmique, en passant par l’argent mâte et le doré solaire ; les modèles de vestes et de robes de soir en tweed, les jupes en dentelles sont rebrodés de pierreries couleur onyx. Brillant.

Chanel FW/12

Chanel FW/12
Chanel FW/12


Le décor,  forcement incroyable et forcement grandiose, de par le cadre et les volumes du Grand Palais, reconstitue un paysage lunaire fantasmé, tout droit sorti d’une gravure du 19ème siècle. Les immenses cristaux violets, gris et blanc, tombés après une pluie intergalactique, n’y font rien ; la formule attendue « grand spectacle à gros budget au Grand Palais » ne convainc plus beaucoup. Et c’est d’ailleurs bien dommage, car ce qui était auparavant un véritable happening, devient au fil des saisons une habitude déclinée plutôt qu’une véritable innovation. Voyons ce que nous réserve Mr Lagerfeld pour les prochaines saisons, en espérant que fantaisie et changement seront au rendez-vous.

Chanel FW/12
Chanel FW/12


Chanel FW/12

Dernier de nos quatre géants à avoir défilé lors de cette Fashion Week de mars, le richissime malletier Louis Vuitton et son directeur artistique Marc Jacobs ont fait les choses en grand, en reconstituant à l’échelle, dans la cours carré du Louvre, le quai du mythique train Orient Express. Ode sublime au voyage, Marc Jacobs nous fait non seulement voyager dans l’espace, mais également dans le temps. Après les pastels 50’s et autres couleurs très « Candy » de la collection été, nous retournons pour l’hiver prochain un peu plus dans le passé, en faisant escale dans le style suranné des élégantes femme du début du siècle. Manteaux de voyages aux volumes exagérés, indispensables chapeaux mous, cols ronds, boutons bijoux taille XXL, empiècements de cuir, total looks en brocart gold ou en imprimés esprit 60’s, la femme Louis Vuitton ose et en impose.




Louis Vuitton FW/12
Louis Vuitton FW/12


Louis Vuitton FW/12

Coté show, le spectacle est au rendez-vous. Immense horloge aux armes de Louis Vuitton, émouvante locomotive à vapeur nous plongeant dans nos classique d’Agatha Christie, tenues parfois improbables mais au parti pris stylistique forts et surtout l’idée incroyable de cette collection, une armée de groom en habit, portant les sacs et autres bagages de nos élégantes Lady.  Première source de revenue du navire amirale LVMH, les sacs, produits historiques et emblématiques, ont toujours été intégrés aux défilés Louis Vuitton afin de faire partie intégrante du look de la saison et devenir ainsi des objets de désir. L’idée de Marc Jacobs a cela de géniale commercialement qu’elle démultiplie le nombre de modèles de sacs vus sur le catwalk. La plus part du temps deux, parfois trois, ils sont tous différents et force est de constater qu’ils sont ultra-désirables. De la sublime boîte à chapeau en crocodile orange ou rouge, aux nouveaux bostons recouverts de chèvre à poil long, en passant par les versions des classiques monogrammées brodés, strassés ou encore les doctor bag en veau glacé, on les veut tous ! Colorés et précieux, mis en exergue par le jeu de contraste des tenues uniformément noires des grooms, les sacs volent la vedette aux mannequins et presque aux tenues. On ne voit qu’eux, on n’est intéressé que par eux, curieux et impatient de découvrir les prochains modèles du défilé. 


Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Pari réussit donc pour le géant de la maroquinerie qui a su concilier avec intelligence et style, une réalité commerciale indéniable et une silhouette emblématique et fantasmée. Un grand bravo Mr Jacobs !

A.

2 commentaires:

  1. Moi, j'adooooooooore la loco !!!

    "Crains qu'un jour un train ne t'émeuve plus"
    Guillaume Apollinaire

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  2. Cher P.

    J'étais sur que cela allait te plaire! ;-) Il faut regarder la vidéo sur le net, le défilé s'ouvre sur la locomotive fumante qui pénètre dan l'immense salle. C'est magnifique. J'aurais rêvé y assister.

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